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Chronique d’une histoire humaine et syndicale

Cordemais/Ecocombust,
les salariés ne lâchent rien !

Ils sont l’audace et la combativité, la déception et l’espoir, la force et le collectif. Ces 300 salariés de Cordemais, rassemblés
ce jeudi 16 septembre devant la Centrale et soutenus par les ouvriers de Total, de Yara ou encore du port de Montoir sont faits
de doutes et de certitudes suite à l’annonce de l’abandon du projet Ecocombust.

Lors de cette matinée du 16 septembre 2021, au cœur du paysage cordemaisien, les collègues de la centrale à charbon continuent d’écrire leur histoire.

C’est là, au croisement de routes sur un des parkings, que les 300 manifestants forment un collectif indestructible qui tient bon face à l’actualité.

Après cinq années de recherche, de travail et de tentatives, les salariés se heurtent à l’abandon du projet Ecocombust annoncé le
8 juillet 2021 par Jean-Bernard Lévy, Président Directeur Général d’EDF.Selon lui, malgré la pertinence technique et environnementale du projet, le coût de la conversion de la centrale à charbon ne permettrait pas de garantir un prix de production d’électricité attractif. À cela s’ajoute le retrait du partenaire industriel, l’entreprise Suez, qui estime ne pas avoir de certitude sur l’existence d’un marché pérenne et rentable sur le long terme.

Une décision difficile à encaisser par les salariés et la CGT, très investis dans ce projet qui avait pourtant obtenu en mars dernier, l’avis favorable d’une commission d’enquête publique.

Un projet de reconversion pourtant inédit pour notre région et industrie.

Pour notre journal, Sébastien Ménesplier, Secrétaire Général de la CGT Mines Énergie, présent à ce rassemblement, a bien voulu se prêter au jeu des questions pour nous partager sa position sur cette actualité :

« On croit véritablement que dans cette période où il faut lutter contre le dérèglement climatique, il faut penser à reconvertir les sites industriels. Cette reconversion passe par des projets. Aujourd’hui, l’État n’en propose pas. En revanche les travailleurs en ont. Ils en ont ici à Cordemais, à Gardanne dans les Bouches-du-Rhône, en Bourgogne à Lucy […]. Je pourrai citer l’entreprise Photowatt, filiale d’EDF, qui produit des panneaux photovoltaïques, mais qui a aujourd’hui des bons de commande vides parce qu’EDF préfère acheter ses panneaux photovoltaïques en Chine. On a besoin aujourd’hui de redonner du sens à l’industrie et au service public. […] Je crois véritablement que nous devons investir la campagne présidentielle en insistant sur le fait que nous ne pouvons pas mettre en face de la transition écologique l’économie en permanence. Si nous voulons lutter contre le dérèglement climatique alors il faut reconvertir les sites industriels et pour cela il faut faire confiance aux projets des travailleurs. Voilà pourquoi nous sommes là, mobilisés. Moi, j’y crois dur. »

La présence notamment d’Adrien Quatennens, député France Insoumise ou encore de Philippe Martinez, Secrétaire Général de la CGT, confirme une vraie préoccupation de l’avenir énergétique français et d’un besoin urgent d’une politique claire de service public de l’énergie.

Sébastien Ménesplier le confirme  :

« Nous sommes à sept mois des présidentielles. Nous irons voir des candidats et quand ils parleront de transition énergétique ou d’environnement, nous leurs présenterons le projet Ecocombust. Nous leurs demanderons alors s’ils sont prêts à s’engager dans ce projet qui coûte 140 millions. […] Nous avons travaillé avec les experts et pour nous ce projet est rentable à long terme. Un service public de l’énergie, avec un bien de première nécessité, ce n’est pas la rentabilité qui doit être la priorité mais bien de permettre aux Français d’avoir accès à l’énergie à un faible coût. »

Comme il est souvent dit quand les esprits souffrent, restent les cœurs. Les leurs battent de lutte, de conviction pour leur projet, et ils crient sans relâche « Nous ne lâcherons rien. »

La pugnacité paie toujours

Après ce revirement, la mobilisation ne s’affaiblit pas. D’actes de résistance en actes de résistance, les salariés de la Centrale de Cordemais ne lâchent rien. Bien au contraire, ils intensifient leurs actions : rencontre fin octobre entre les représentants CGT de la Centrale, la Fédération CGT Mines Énergie, Barbara Pompili, la Ministre de la Transition Écologique, et Jean-Bernard Lévy, Directeur Général d’EDF ; recherches de partenaires ; lettre d’intention à EDF ; pression locale avec neuf jours de conflits (qui a pris fin grâce à un protocole fort négocié par la CGT : aucun départ forcé ou contraint avant 2026, mesures d’accompagnements pour tous les salariés…).

Les salariés ne lâcheront rien. Et ils ont raison car la nouvelle tombe. Un partenaire se fait connaître. Puis un autre. Le Ministère prévoit même, en ce début 2022, une nouvelle rencontre avec les différents partenaires du projet Ecocombust. Ce souffle nouveau rassure mais les salariés n’en demeurent pas moins prudents.

On dit que l’hiver est une saison pendant laquelle la terre se prépare, laissant remuer et remonter les énergies coincées, pour accueillir de nouvelles graines… croisons les doigtspour que leur printemps voit germer le fruit de leur lutte !

S.C.

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