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Fin du bouclier tarifaire :
défis et enjeux

Février 2024 marque la fin du bouclier tarifaire et le retour de la Taxe Intérieure sur la Consommation Finale d’Électricité (anciennement Contribution au Service Public de l’Énergie) qui doit financer la péréquation tarifaire dans les zones insulaires non interconnectées au réseau électrique métropolitain, ainsi que le chèque énergie.

Depuis 2021, la TICFE était abaissée de 0,032€/kWh à 0,001€/kWh pour les particuliers (0,0005 € du KWh pour les professionnels au lieu de 0,026 € du KWh) dans le cadre du bouclier tarifaire censé protéger les usagers d’une augmentation de leur facture d’énergie.

Depuis le 1er février 2024

Notre gouvernement doit juger que le pouvoir d’achat des Français est désormais revenu au beau fixe, puisque ce choix de ramener la TICFE à son niveau d’avant 2021 se traduit par l’augmentation du prix de l’électricité de +9,8 % sur les tarifs heures pleines et creuses et de +8,6 % sur les tarifs de base, au 1ᵉʳ février 2024. Le prix moyen de l’électricité va donc passer de 0,227€/kWh à environ 0,25€ kWh TTC hors abonnement.

Ceci équivaut à une nouvelle augmentation moyenne de 18€/mois sur les factures, en plus des augmentations de 2022 et de 2023, dues à une hausse des prix sur le marché de gros de l’électricité.

La grande arnaque du système

Et c’est du côté de ce marché de gros européen de l’électricité qu’il faut aller chercher la cause de ces augmentations, la communication officielle d’EDF étant très claire sur le sujet : cette augmentation historique est liée à la flambée des prix du gaz, du charbon et même du pétrole sur la planète. Mais comment la France, championne de l’électronucléaire avec ses 56 et bientôt 57 réacteurs, peut-elle se retrouver contrainte par un prix de marché indexé sur les énergies fossiles ?

C’est là, la grande arnaque du système. Sur ce marché de gros où les transactions se font au jour le jour, le prix de l’électricité dépend du type de combustible utilisé dans la dernière centrale électrique appelée sur le réseau ! Autrement dit, la France peut produire suffisamment d’électricité à bas coût pour ses besoins, voire en exporter, grâce à son parc nucléaire, si un autre pays européen (par exemple un pays ayant fait le choix de cesser sa production électronucléaire) démarre une centrale à gaz pour satisfaire la demande sur son territoire, c’est toute la production électrique d’Europe qui se retrouve indexée sur le prix (très élevé) du gaz… Les usagers français qui ont donc indirectement investi, depuis plus de 50 ans, pour construire le parc nucléaire, au nom de l’indépendance énergétique, de l’énergie à bas coût et sans production de CO2, sont donc les grands perdants de ce mécanisme européen, et les salariés des IEG le dénoncent depuis des années. La Fédération Mine Énergie de la CGT, par exemple, s’appuyant sur les travaux du Conseil Social et Économique Central d’EDF, de la Commission de Régulation de l’Énergie mais aussi de ceux de la Cour des Comptes ou de l’Ademe, a démontré qu’un kWh produit en dehors de ces contraintes de marché pourrait être acheminé jusqu’aux usagers pour un coût total de 20 centimes d’euros… Ce qui représenterait une réduction de 20 % de la facture des usagers par rapport au tarif règlementé actuel, soit 250 € d’économie par an pour un foyer moyen. Si le gouvernement souhaite améliorer le pouvoir d’achat des usagers de l’électricité et du gaz, il existe également un autre moyen à sa main : baisser la TVA de 20,6 % à 5,5 %, en considérant l’électricité et le gaz pour ce qu’ils sont effectivement : des biens de première nécessité. Ces propositions cumulées ramèneraient le kWh TTC à 17.5 centimes d’euros, encore faut-il une véritable volonté politique pour sortir l’énergie d’entre les griffes des marchés financiers.

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